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A Munich, le carnaval bat son plein:
Henri le Vert, un jeune suisse, étudiant d'art, observe cette exubérance avec autant de fascination que de réserve. En plein milieu du brouhaha carnavalesque, il rencontre son meilleur ami, le peintre hollandais Lys. Dans la confusion des masques qui défilent, cet artiste bon vivant trompe sa fiancée Agnès avec Rosalie qui veut, à son tour, profiter pleinement et allègrement du carnaval. En protecteur, Henri se place devant Agnès qui suit avec effroi la trahison irresponsable de son fiancé. Dans une excitation d'abord incompréhensible, Henri provoque son ami Lys en duel...
Le combat devra avoir lieu à l'aube.
Entre-temps, Henri le Vert se souvient de son enfance et de sa jeunesse à Zurich. En pensée, il revit la mort précoce de son père pendant une excursion de chasse. La mélancholie de sa mère l'accable. Dans son innocence enfantine, il s'entretient sur l'amour avec sa petite cousine Anna. Lors de l'une de ces conversations dans une salle d'école, Anna lui donne furtivement le premier baiser. Mais par égard pour la santé d'Anna, l'oncle emmène sa famille à la campagne pour y habiter dans sa propriété.
Un beau jour, des comédiens ambulants s'arrêtent près de Zurich et donnent une représentation de 'Faust'. Pour la scène des sorcières, le curieux Henri est fourré vite fait dans un costume de petit singe. Depuis les coulisses, il observe la jeune actrice Judith qui interprète le rôle de Gretchen et qui est obligée de s'abandonner à son mari derrière la scène. Après la représentation, Henri, désespéré et bruyant, demeure sur l'estrade – on lui a volé ses habits. Judith a pitié de lui et l'emmène dans son lit, où elle lui permet de se coucher à ses pieds. Effrayé et curieux à la fois, Henri découvre la force magique de l'érotisme et de la sexualité. En rentrant à la maison le lendemain matin, Henri se réfugie tout nu dans les bras de sa mère...
Dans son adolescence, Henri le Vert suit une formation de peintre artiste auprès du maître exentrique Römer. La rupture sera due au fait que Henri n'arrive pas à oublier l'amour qu'il éprouve pour Anna – attitude incompréhensible aux yeux de son maître. Henri le Vert quitte Zurich et se rend chez son oncle à la campagne. Entre-temps, la jeune fille Anna s'est transformée en beauté aux cheveux blonds.
Lors de promenades communes à cheval, leur amour s'enflamme à nouveau comme s'ils n'avaient jamais été séparés. Mais Henri se sent autant attiré par Judith qu'il a retrouvé par hasard. Maintenant elle habite tout près – seule et à l'écart du monde. Henri ne peut se soustaire au charme de cette femme attrayante, experte en amour et compréhensive. A partir de ce moment- là, il est torturé en permanence par sa conscience, déchiré entre ces deux femmes. Son conflit intérieur est renforcé par la maladie grave d'Anna.
Anna meurt subitement. Sur sa tombe, Henri le Vert jure de lui rester fidèle à jamais.
Dégoûté, il observe le repas funèbre de la famille et des villageois qui se transforme rapidement en beuverie : douleur et tristesse cèdent la place à l'ivresse et à la débauche et sont complètement oubliées dans les chants et les danses. Henri le Vert se réfugie chez Judith, avide et désespéré ; les amants passent ensemble une nuit d'amour. Ensuite, il quitte la jeune femme qui veut émigrer aux Etats-Unis. Henri le Vert se rend à Munich, afin d'y étudier la peinture et d'y trouver sa liberté.
Ces souvenirs de jeunesse ont fait comprendre à Henri le Vert pourquoi il n'a pas pu assister aux faits et gestes de Lys sans réagir : la trahison de son ami vis-à-vis d'Agnes lui a trop rappelé sa propre trahison. Lorsque le jour se lève, on vient chercher Henri le Vert pour le duel. Après un premier accrochage, tout semble pendre une bonne tournure ; Lys s'est à nouveau permis une mauvaise plaisanterie. Mais avec détermination, Henri reprend le combat avec son concurrent qui lui est nettement supérieur. Henri est mortellement blessé. Sur son visage apparaît une expression de joie et de paix immense : dans la mort, Henri le Vert est enfin uni avec Anna.
« Rendre le film compréhensible
à chacun, sans que la connaissance du roman de Gottfried Keller et
de son époque ne soit nécessaire à la vision du film,
est apparu à Thomas Koerfer comme une nécessité artistique.
Il a remanié la structure épique du roman en une matière de la plus haute densité dramatique...
.. c'est le montage, porté par la musique, qui fait à sa façon du drame d'Henri le Vert un opéra exubérant. C'est un bonheur. »
Dr. Martin Schlappner
Thomas Koerfer et son scénariste, l’écrivain hongrois Peter Müller, ont fusionné les deux femmes, la comédienne et Judith, en un seul personnage. Un procédé qualifié d’arbitraire par ceux qui exigent une adaptation fidèle au texte original de Henri le Vert de Keller. Or, la fidélité au texte d’une œuvre aussi complexe et d’une telle envergure, à la fois réjouissante et de longue haleine, s’avère irréalisable. Faudrait-il pour autant l’éviter?
Est-ce que l’on reprochera à Thomas Koerfer d’avoir résolument choisi une autre orientation et de ne pas avoir fait preuve de la même bienveillance que ses précurseurs? Ce serait très injuste. Non seulement parce que Thomas Koerfer a démontré avec l’adaptation de Der Gehülfe (L’homme à tout faire) de Robert Walser, comment il peut aller à la rencontre d’un texte littéraire de poids tout en conservant sensibilité et liberté, mais aussi parce qu’il explore l’œuvre de Keller depuis de longues années.
Ces travaux remontent à plus de cinq ans. Avec Dieter Feldhausen, qui avait déjà participé à l’adaptation de L’homme à tout faire en tant qu’auteur, il avait cherché une première approche, jadis convaincu que le contenu est enraciné dans l’Alémanique, peut-être même dans la langue suisse allemande.
Thomas Hürlimann avait accompagné Koerfer lors du développement d’un scénario articulé comme un kaléidoscope autour de Gottfried Keller, Henri le Vert et le XIXème siècle, et au travers de mondes façonnés d’images, qui dans le cours du siècle précédent n’auraient pas pu être créés de manière plus convaincante, mais abandonnent le protagoniste dans une situation bizarrement indéfinie.
Ne sachant pas de quelle manière aborder le texte, Koerfer l’avait
mis de côté jusqu’à l’arrivée du scénariste
Peter Müller, dont la relation avec Gottfried Keller fût moins
influencée, et avec qui les premières ébauches dramaturgiques
ont pu percer.
Peter Müller, avait écrit l’histoire de la mort d’un
homme vieillissant, qui se déroulait dans un sanatorium situé
en pleine montagne, et nous plongeait dans l’atmosphère de la
rencontre d’Eros avec la mort.
C’est grâce à ce talent qu’il a collaboré,
avec Luchino Visconti, au scénario – finalement non réalisé
– de l’adaptation d’À la recherche du temps perdu
de Marcel Proust.
Henri le Vert ne pouvait pas représenter un film qui, riche en termes
de la bourgeoisie intellectuelle, et donc d’une compréhension
restreinte, revendiquerait en plus du point de vue, également la connaissance
du roman et de son contexte historique.
L’histoire d’amour d’Henri, situé entre Anna et Judith, se déplaçait désormais vers le centre de l’intérêt. Cette histoire de jeunesse se développe dans des scènes qui élaborent une rétrospective connexe, à travers laquelle le carnaval de Munich, cité culturelle, est le cadre, et la mort d’Henri en désigne la fin.
Mais dans le film, Henri, à son retour, ne meurt pas comme un pauvre renégat qui aurait failli dans ses intentions artistiques. Il pleure sur la tombe de sa mère, comme un fils honteux de n’avoir pu honorer sa dette envers elle. Henri trouve la mort. Plus concrètement, il l’appelle dans une scène, que Gottfried Keller a bien écrite, mais sans la concevoir comme la scène finale de son héros.
Il s’agit de la scène du duel à l'escrime entre Henri
et Ferdinand Lys, son ami artiste, qui dans le film, devient une scène
«à la vie, à la mort».
C’est ici qu’Henri défie sa propre mort, conscient de sa
culpabilité envers Anna, qu’il estime avoir trahie, et toujours
incapable après sa mort de s’engager dans une véritable
histoire d’amour.
Cet Henri est un autre jeune homme que celui qui dans le roman ne se laisse jamais lier émotionnellement. Thomas Koerfer et Peter Müller prennent une décision d’amour que le personnage d’Henri du roman n’a pas le courage de prendre. Afin que l’histoire d’amour d’Henri avec Anna et Judith semble plus centrée, les deux personnages de femmes sont déjà introduits dans la jeunesse en tant que fille et – comme cité plus haut – en tant que jeune femme.
En raison de la diversité des lieux, mais avant tout des intérieurs, la scénographie demande la mobilisation de beaucoup de ressources. La construction des intérieurs nécessite l’utilisation d’un studio. Celui-ci est à Bochum; la promotion de film du Land Nordrhein-Westfahlen est impliquée de manière primordiale à ce projet. Henri le Vert est une coproduction suisse, allemande et française; la société de production est la Condor Productions à Zurich. Les coûts de production se montent à neuf millions de francs suisses.
Aucun des lieux de tournage nécessaires pour situer à la fois les scènes rurales et les scènes urbaines, n'ont pu être découverts sur les sites originaux: Munich est désormais située à Potsdam (et non pas parce que le Filmbüro Brandenburg participe au projet).
Ce n’est pas non plus parce que la ville et le canton de Zurich ont refusé, pour des raisons incompréhensibles de soutenir financièrement le film, que le lieu de tournage pour la cité historique de Zurich est situé dans le Quartier bas de Fribourg en Üchtland – le caractère trop nostalgique des rénovations de la cité de Zurich donnerait une atmosphère trop soignée au film.
La maison de Judith a été localisée sur le Ballenberg, au Musée de l’Habitat Rural; c’est la maison Adelboden, un type de maison tout à fait différent de celui de l’Unterland zurichois, mais, avec son arcade, son escalier, le petit chemin escarpé de montagne et son entrée dans la forêt crépusculaire, reste néanmoins approprié en regard de l’atmosphère recherchée pour la rencontre d’Henri et Judith.
Assumpta Serna, célèbre pour être une des «meilleures comédiennes» espagnoles n’est certes pas la Judith à laquelle Gottfried Keller avait pensé, avec de «gros yeux marrons» et «la bouche sur ce menton voluptueux». Ses cheveux ne sont pas lourds et sombres, mais plutôt roux; cependant, sa beauté est, comme le poète l’a souhaité, radieuse.
Le gros oncle est interprété par Mathias Gnädinger, et
l’Henri de Thibault de Montalembert combine une élégance
juvénile dans son apparence et une sensibilité romantique sur
son visage.
Thomas Koerfer est un metteur en scène qui rayonne d’une autorité
tacite. Elle influence autant l’équipe technique que la disposition
des comédiens, qui – lors de ce jour de tournage sur le Ballenberg
– suivent avec patience ses directives qui les entraînent dans
les nuances les plus subtiles des prises, aussi nombreuses soient leurs répétitions
et aussi nombreuses soient les prises – du plan large au plan américain
et au plan serré, et au coeur du plus petit détail. Thomas Koerfer
accumule du matériel pour permettre à chaque subtilité
de se réaliser au montage.
Une certaine durée et une bonne endurance sont présupposées, et chacun s’arrange avec cette exigence. Gerard Vandenberg en donne le meilleur exemple. Il a auparavant fait les images pour Die zweite Heimat (La deuxième patrie) de Edgar Reitz. Il est un maître de l’image intensive, qui témoigne toujours d’une clarté dramaturgique et transmet l’atmosphère scénique de manière parfaite.
(NZZ, le 23 Octobre1992)
Henri le Vert | Thibault de Montalembert |
jeune Henri le Vert | Andreas Schmid |
Anne | Florence Darel |
jeune Anne | Anna Scheschonk |
Judith | Assumpta Serna |
L'oncle | Mathias Gnädinger |
La mère Rose | Christine Schom |
Lys | Arnô Chevrier |
Römer | Heribert Sasse |
Rosalie | Susanne Bentzien |
Agnès | Nadja Uhl |
Mephisto | Ronald Nitschke |
le professeur | Paul Burian |
la mère | Dominique Sanda |
Scénario | Peter Müller, Thomas Koerfer, Barbara Jago |
Caméra | Gerard Vandenberg |
Décors | Jan Schlubach, Rainer Schapper |
Maquillage | Gerlinde Kunz, Klaus Friedrich |
Costumes | Monika Jacobs |
Son | Johnny Dubach, Jean-Paul Loublier |
Musique | Bruno Coulais |
Montage | Marie-Josephe Yoyotte |
Producteur délégué | Peter-Christian Fueter, Peter Reichenbach |
Producteur délégué France | Xavier Larere |
Producteur délégué Allemagne | Karl H. Menzinger |
Direction de Production | Günther Russ Bup, Edi Hubschmid |
Consultation de Production | Kai May, Ingrid Windisch |
Production | Condor Films, Zürich |
Coproduction | Toro Filmgesellschaft, Berlin, Osby Films, Groupe Expand, Paris, SRG, ZDF, ORF, Coproduction entre la Suisse et la France |
Mise en Scène | Thomas Koerfer |
Format | 35mm; couleur; 1:1,85 |
Version | Allemand et français |
Durée | 110 min |
Première | sept.93 |
Genre | drame psychologique |
Distribution en Suisse | Monopol Pathe |
Droits mondiaux | Condor Films |
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